Lettres
à son frère Théo
VINCENT
: Avez vous déjà remarqué
que les vieux chevaux de fiacre ont des grands beaux
yeux navrés comme des chrétiens quelque
fois ?
Quoiqu’il en soit, nous ne sommes pas
des sauvages ni des paysans et nous avons peut-être
même le devoir d’aimer la civilisation
(ainsi nommée)
THEO : Vois-tu, ce qui donne
du réconfort, c’est qu’on ne doit
pas toujours courir seul avec ses sentiments et ses
idées : « Partout où j’ai
touché la terre / Un malheureux vêtu
de noir / Auprès de nous venait s’asseoir
/ Qui nous regardait comme un frère »
VINCENT : Voilà ce
que depuis longtemps j’aurais voulu avoir entre
nous et, vois-tu, je m’imagine que si tu restais
seul, tu aurais le cafard, parce que les temps sont
peu réjouissants, à moins que l’on
ne trouve son bonheur dans son travail.
(extrait de l’adaptation
théâtrale)

esquisses décors
PRESSE –
EXTRAITS
Le
Courrier, 18 octobre 2000, Marc Von Dongen
(…) Dans l’orbite du mythe, la pièce
en tire la force, en saisit les germes, sans céder
toutefois au chant des sirènes. Au pathos biographique,
on oppose ici la quête artistique de Van Gogh,
son cheminement passionné mais clairvoyant
dans l’obsession de la couleur.
(…)
Dans cette délicate mise en scène des
Lettres à Théo la relation des deux
frères est frappée d’une duplicité
qui la rend captivante. Des chiasmes identitaires
se laissent deviner dans le jeu nuancé des
comédiens
Si l’Histoire ne retiendra que le « sale
caractère » de Vincent, et non la bonhomie
bien pensante de Théo, l’intérêt
du spectacle est d’avoir su éluder cette
sentence pour ne montrer que la singulière
cohérence du peintre. (…) Nulle folie
ici, pas de crise d’épilepsie. Mais l’intelligence
d’une mise en scène qui a trouvé
la juste mesure du texte par son sens de la retenue.


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